NAD, New Acoustic Dimension, voit le jour à Londres en 1972 lorsqu’un groupe d’importateurs audio, lassés de la politique des grandes marques qui dominaient le marché, a décidé de fabriquer ses propres produits. Leur chance a été que les rejoigne un véritable génie, Bjorn Erik Edvardsen, qui avait en tête l’idée d’un amplificateur qui allait totalement à contre-courant de ce qui se faisait à l’époque. Au lieu de favoriser la puissance et le look aux mille boutons (plus il y en avait, plus l’appareil était censé être bon), BEE pour les intimes a conçu un modèle tout simple, à la limite du spartiate, pauvre d’apparence, avec seulement quelques watts en sortie (20 W alors que 100 W était alors considéré comme le « minimum vital »), pas cher du tout, mais avec un son prodigieux, bien meilleur que la plupart des amplis de l’époque, y  compris ceux coûtant jusqu’à dix fois plus. Le célébrissime NAD 3020 était né et, avec lui, un courant audiophile qui n’a cessé de se développer. NAD et son concept de la haute-fidélité axant tout sur la musicalité font maintenant partie du groupe canadien Lenbrook. NAD, c’est la qualité d’abord. L’apparence vient en second lieu, et le luxe qui ne servirait pas le son n’a aucune chance chez la marque. Lenbrook représente bien cette philosophie en ayant également Bluesound dans son portefeuille. Bluesound, c’est la qualité analogique de NAD transposée dans le domaine numérique de la musique dématérialisée. Les modèles NAD récents intègrent la technologie Bluesound pour un équilibre parfait entre l’analogique et le numérique. Le C700 que nous analysons dans ce banc d’essai en est un bel exemple. Cet amplificateur-streamer vient se placer en-dessous du M10 faisant partie de la gamme Masters de NAD (le haut de gamme), mais n’est certainement pas à considérer comme du bas de gamme. Les audiophiles d’ailleurs le savent : si NAD veut proposer des produits abordables, la qualité bas de gamme ne fait pas partie de son ADN !

Nous allons tester ce qui peut être considéré comme une chaîne Hifi « moderne », en ce sens qu’elle laisse la part belle aux nouvelles habitudes d’écoute privilégiant les services de musique en ligne. De taille relativement compacte (sans être « mini »), elle convient parfaitement aux appartements modernes qui laissent peu de place pour les grosses installations avec enceintes colonnes imposantes. Les enceintes qui sont présentées avec cette chaîne sont d’ailleurs des enceintes compactes de la marque danoise DALI.

La marque DALI, pour Danish Audiophile Loudspeaker Industries, a été fondée en 1983 par Peter Lyngdorf et a acquis une très bonne réputation dans le monde de la Hifi. La série OPTICON se situe à peu près au milieu de la gamme DALI et est assemblée dans leur usine, située au Danemark. Du « made in Europe », du vrai. 

Technologie et installation

Les enceintes DALI sont des modèles de bibliothèque moyennement compactes avec un évent de décompression (bass-reflex) pour augmenter le niveau des graves. La taille de cet évent et la longueur du tube interne qui le charge déterminent la fréquence la plus basse. L’avantage d’un système bass-reflex est que vous pouvez obtenir une réponse suffisante dans les basses malgré la petite taille de l’enceinte. Mais il est nécessaire de tester l’emplacement idéal pour obtenir un bon équilibre. En rapprochant ou en éloignant l’ouverture de l’évent d’un mur latéral et/ou arrière, vous pouvez jouer sur le niveau de basses fourni. Ce n’est pas toujours facile, et il subsiste le risque d’avoir des basses trop amplifiées qui deviennent alors « boursouflées », au détriment du détail de la restitution. 

L’enceinte OPTICON 2 MK2 utilise un woofer avec cône en pâte de bois qui évite les ondes stationnaires à sa surface en raison de l’irrégularité naturelle de ce matériau. Cette technologie a été conçue par DALI et se retrouve dans nombre de ses modèles. La légèreté des fibres permet au cône de réagir rapidement. Non seulement cela évite le traînage dans les basses, mais permet aussi de reproduire des fréquences plus hautes dans la zone médium. DALI est fier de le présenter comme un haut-parleur bas-médium idéal. Outre son cône, le transducteur est animé par un aimant optimisé pour diminuer la distorsion. La pièce polaire, la partie de l’aimant qui se trouve dans la bobine est fabriquée non pas à partir d’une seule pièce de métal, mais assemblée à partir de petites particules métalliques ayant l’apparence de granulés. En combinaison avec le tweeter à dôme en tissu assez large qui prend le relais à partir de 2 kHz, ce type de haut-parleur bas-médium permet de réaliser une enceinte deux voies très homogène.

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NAD M10 V2 banc d’essaiNAD M10 V2: Banc d’essai amplificateur streamer

 


 

Le cabinet lui-même est d’une rigidité rassurante : pas de son creux lorsque vous tapez sur la caisse de résonance. La paire que j’ai pu tester est proposée dans une “finition bois” (pas en vrai bois donc). Une très belle finition vue de loin mais un peu moins quand on s’en approche de très près. Malgré tout, elles restent jolies à regarder. C’est seulement quand on les touche qu’on a l’impression qu’on n’a pas affaire à du vrai placage bois. La grille n’est pas couplée magnétiquement à l’avant du haut-parleur. A l’arrière, en plus de l’ouverture bass-reflex joliment arrondie et finie, on retrouve une connectique unique. On est ici dans le bon rapport qualité/prix, sans exubérance.

À l’ouverture de la boite du NAD, on remarque que le C700 ressemble beaucoup au M10 que j’ai testé il y a quelques mois. J’étais arrivé à la conclusion que le M10, dans sa version 2, était l’incarnation du produit parfait. Non seulement il se distingue par un bon ensemble de fonctionnalités, mais aussi par une très haute qualité et une belle finition. Avec le C700, NAD fournit un amplificateur tout-en-un BluOS qui ne devrait pas démériter à côté de son grand frère. BluOS ? Beaucoup d’entre vous connaissent, mais voici pour les autres : il s’agit d’une plateforme développée par Bluesound qui vous permet de gérer et d’utiliser vos sources musicales dématérialisées, comme les services de streaming et vos propres collections stockées sur PC ou NAS. BluOS est reconnue comme étant très conviviale et performante, s’affichant sur Smartphone, tablette et ordinateur. Comme nombre d’autres produits de ce genre, le C700 peut être commandé à partir de votre Smartphone pour avoir facilement accès aux services de streaming et à votre collection privée. La qualité est très élevée, incluant les fichiers audio en haute résolution.

BluOS est tellement bien conçue qu’on s’y accroche sans peine. Cette plateforme fait partie de ma configuration quotidienne sous la forme d’un Bluesound Node depuis des années. En plus de BluOS, le C700 offre toutes les fonctionnalités typiques d’un amplificateur : une amplification de puissance numérique de classe D de 80 Watts « à la NAD », donc plus que suffisante, 2 entrées RCA analogiques (pour connecter d’autres sources telles qu’un lecteur CD ou une platine vinyle pré-amplifiée), et des entrées optiques et coaxiales pour sources numériques gérées par le DAC interne du C700, un port USB de type A pour une clé contenant des fichiers audio ou pour un lecteur multimédia et même un port HDMI eARC afin que votre téléviseur puisse profiter du son supérieur offert par NAD.

Le sans-fil est assuré par une connexion Bluetooth aptxHD acceptant l’audio haute résolution. Le Bluetooth fonctionne dans les deux sens : vous pouvez envoyer le fichier vers le NAD depuis votre Smartphone et en même temps  l’écouter sur casque ou enceinte Bluetooth. Les borniers pour les câbles haut-parleur sont costauds et suffisamment espacés pour éviter un court-circuit. La face avant est minimaliste, avec un grand bouton multifonction qui permet un contrôle total, ainsi que deux boutons de navigation gauche/droite. Une bonne partie  de la face avant est occupée par un affichage de taille généreuse bien lisible.  Le logo NAD s’illumine en différentes couleurs qui indiquent l’état de l’appareil.

Mais le NAD C700 est avant tout conçu pour être contrôlé avec l’excellente application BluOS. Du point de vue général, le C700 n’est pas vraiment inférieur au M10 V2. Celui-ci est certes construit avec des matériaux plus nobles, possède un écran plus grand qui en plus est tactile et intègre un module d’amplification final légèrement meilleur. Mais comparativement, le C700 s’en sort plutôt bien, avec une fonctionnalité presque identique. La seule chose que l’on pourrait regretter, c’est l’absence avec le C700 du Dirac Room Correction qui rend bien des services avec le M10 V2. Mais la prise en charge de MQA par le C700 et la capacité de prendre en charge des débits jusqu’à 192 kHz ne laissent pas beaucoup d’avance au M10.

En pratique

Après quelques réglages initiaux sur l’appareil lui-même, j’ai toujours utilisé l’application BluOS pour contrôler le C700. Le bel écran couleur affiche de nombreuses informations sur le fonctionnement et la musique choisie. Vous avez même droit à la pochette de l’album mais en pratique, vous êtes généralement un peu trop loin de l’appareil pour pouvoir y lire beaucoup d’informations. Le C700 via l’application m’a ouvert l’accès sans aucun problème à mon compte TIDAL, la collection de fichiers locaux sur mon NAS et mes stations de radio Internet préférées. Les OPTICONS DALI connectées ont nécessité un ajustement physique en les positionnant un peu plus près du mur arrière pour que leur rendu corresponde à mes standards d’écoute (j’écoute sur des grosses colonnes en général et j’aime ressentir les basses même à faible puissance). Et maintenant, place à la musique !

Les DALI sont en fait de bonnes petites enceintes qui vous font taper du pied et entrer dans la musique. Mon salon n’est certes pas petit avec ses 40 m² et pourtant les enceintes parviennent assez bien à le remplir, sauf si je joue vraiment “fort”. Les basses ne sont pas abyssales mais le bass-reflex fait son boulot et parvient à donner le change. Cela reste malgré tout une enceinte de bibliothèque utilisée lors de ce test sans subwoofer et les aficionados de drums bien lourds et de guitare basse bien sentie feraient peut-être mieux de se tourner vers  l’OPTICON 6 ou même l’OPTICON 8. Les médiums et les aigus sont vraiment au top. Les voix sonnent réalistes avec suffisamment de coffre pour les voix masculines et surtout sans l’aigreur qui nous joue parfois des tours sur des enceintes plus petites avec des tweeters de qualité un peu trop juste.

Le groupe pop R&B ‘The Weeknd’ a bien sûr sorti un single de classe mondiale avec Blinding Lights, mais d’autres morceaux tels que ‘Take my Breath’ font aussi fortement référence aux années 80. Euro pop ? Les DALI groovent parfaitement et ne fatiguent pas l’auditeur. Les synthés  produisent beaucoup de détails dans les aigus et les OPTICON leur fait royalement honneur. Vous préférez le blues ? ‘Tinsley Ellis’, alors. Un son agréable et vintage (si on peut qualifier un son de « vintage ») avec ‘Devil May Care’ produisant une large scène sonore où le placement des instruments est important pour s’imaginer “voir” le groupe jouer. Le NAD C700 transmet aux DALI tous les détails du morceau, que les enceintes convertissent ensuite en plaisir d’écoute. Un chouette petit ensemble qui sonne plutôt bien…

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DALI MENUET SE banc d’essaiDALI MENUET SE: Banc d’essai

 


 

Un bon test reste toujours le piano. Un piano a un timbre très complexe. Un ensemble ampli/enceintes révèle vite ses défauts dans la manière de reproduire un grand piano acoustique, bien entendu à partir d’un enregistrement de qualité. Le morceau ‘Fur Alina’ d’Arvo Part est d’une simplicité trompeuse, mais expose sans pitié toutes les nuances et tous les détails du roi des instruments. La combinaison du NAD C700 et des DALI OPTICON  convainc dans le médium-aigu et place parfaitement les notes aiguës, grâce à la combinaison de la haute résolution de la source de l’enregistrement (TIDAL Master) et du DAC très convaincant du C700. Mais taille de l’enceinte oblige, la restitution doit céder du terrain dans le bas du spectre. Le grand piano de concert du coup s’en trouve quelque peu rapetissé

Lors de ma recherche sur le titre ‘Fur Alina’, je suis tombé sur la version de Pat Metheny pour guitare à 42 (!) cordes. J’y suis resté scotché. Impressionnante ! Un son naturellement plus petit que le piano, mais extrêmement subtil et d’une fragilité attachante.

Conclusion

80 % de performances pour 50 % du prix. Le NAD C700 est une belle version moins chère du M10 V2 qui, même s’il perd un peu de fonctionnalité par rapport à celui-ci, se révèle comme une nouvelle valeur sûre de la marque. Outre le son, et ça NAD le fait, ce qui compte vraiment pour la plupart des consommateurs, ce sont les possibilités. Et ça NAD le fait aussi. En particulier, l’intégration BluOS garantit un plaisir d’écoute presque sans fin. Et les DALI OPTICON 2 MK2 ? Ils offrent une excellente combinaison avec le C700. Avec une réserve : votre local d’écoute ne doit pas être trop grand et vous ne devez pas exiger l’impact de basses abyssales. Pour cela, tournez-vous vers des modèles plus gros dans la gamme. Toutes les enceintes OPTICON sont bien construites et vous gâtent avec un médium/aigu soyeux et détaillé. Les basses profondes ? Elles dépendent de la taille des enceintes, ou alors travaillez en deux étapes en ajoutant par après un subwoofer et vous aurez un « petit système qui n’a vraiment pas peur des grands » !

NAD C700 + DALI OPTICON 2 MK2

8.3

PRESTATIONS

8.5/10

FONCTIONNALITÉ

8.0/10

PRIX/QUALITÉ

9.0/10

QUALITÉ DE FABRICATION

8.0/10

DESIGN

8.0/10

Pour

  • Les riches attraits du NAD M10 pour un prix adouci
  • Intégration BluOS
  • Beaucoup de musicalité

Contre

  • Pas de télécommande propre
  • Pas de circuit de compensation de l’acoustique des lieux
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