Chord Electronics est cette marque britannique qui, dans le monde de l’audio haut de gamme, représente un peu cet esprit excentrique si typique chez les Anglais. Depuis 1989, la marque est perçue  comme quelque peu ésotérique, avec un design qui ne manque pas d’étonner. Pour soutenir ce design unique ? Un son lui aussi unique, percutant de qualité, qui ne laisse aucun mélomane indifférent. Les fondateurs de Chord Electronics ont dès le début misé sur le numérique, qu’ils maîtrisent parfaitement, notamment avec des DAC aux performances superlatives. Le DAC Hugo TT2 représente leur pièce maîtresse. Il nous a aimablement été proposé pour un banc d’essai par l’importateur belge Joenit. Avec des amplificateurs, des préamplis phono, des streamers et des sur échantillonneurs, tous du plus haut niveau, la marque propose des systèmes atypiques et plus que convaincants. Nichés dans le très haut de gamme, les produits Chord affichent des prix en conséquence.

Technologie et installation

Il serait injuste de ne classer l’Hugo TT2 que comme un DAC. En réalité, il fait aussi fonction de préamplificateur à part entière, certes  avec un nombre limité d’entrées, et d’amplificateur de casque.

Le boîtier suit les canons propres à Chord : légèrement différent visuellement de ce qu’on pourrait qualifier comme étant la norme, mais sublimement qualitatif dans l’exécution à la fois du boîtier et des connexions. L’appareil est entièrement réalisé en aluminium et disponible en finition métal satiné ou noir. Il est compréhensible que le bloc d’alimentation soit maintenu à l’extérieur de l’électronique, tenant compte que celle-ci est sensible aux interférences dues à la basse tension. Mais d’un autre côté, cela fait un objet en plus à caser, et pas aussi attrayant. Les dimensions non standardisées créent également un problème d’intégration si vous travaillez avec un meuble de type rack, dans lequel on aime bien que tout soit aligné. Sauf si toute la chaîne vient de chez Chord, ce qui formerait alors un très bel ensemble particulièrement atypique. Le « hublot » intégré à la face supérieure laisse une belle vue sur le circuit exclusif FPGA Xilinx Artix 7 et sur une LED qui indique le débit binaire utilisé via un codage couleur. La belle portion de sphère inclinée en face avant est en fait le réglage de volume, changeant de couleur en fonction du réglage (en modes préampli et ampli casque). Ludique et joli.

La plage des débits binaires pris en charge est extrêmement large : du 44,1 kHz normal à un fabuleux 768 kHz en PCM 32 bits ainsi qu’une prise en charge jusqu’à DSD 512.

Les entrées proposées sont 1x USB Type-B pour la connexion à un ordinateur, 2 BNC coax, 2 optiques et Bluetooth avec aptX. Les sorties sont : stéréo XLR, stéréo RCA, 2 prises casque 6,5 mm et, de manière quelque peu surprenante pour un produit de ce niveau de gamme, une prise casque 3,5 mm. Il y a aussi 2 prises DX BNC (sorties d’extension). La fonction principale des connecteurs BNC sera de se connecter au M-Scaler de Chord, un upscaler audio haut de gamme.

Dans la vidéo de présentation que nous avons réalisée, vous pourrez découvrir en détail ce très beau produit :

Le test

Ou plutôt : les tests, car plusieurs tests s’imposaient. 

Tout d’abord, bien sûr, il y a le DAC lui-même. Pour cela, j’ai connecté optiquement le Chord à un lecteur CD T+A 1240, à un amplificateur T+A 1240 puis à une paire de D3 B&W 804. Comme le lecteur CD était également connecté à l’amplificateur au niveau de la sortie ligne, c’était un jeu d’enfant de comparer les deux DAC. Le choc : en le comparant au Chord, mon CD T+A est passé instantanément de la catégorie « bon » à la catégorie « moyen » ! Dans tous les cas et avec toutes les musiques, la conclusion est simple: le Chord Hugo TT2 est sans aucun doute le DAC le meilleur et le plus détaillé que j’aie jamais entendu. Détails, subtilité et précision donnent le vertige. Et pas seulement dans l’aigu. Le grave est plus tendu, les voix sonnent plus réelles. D’autres DAC réalisent l’exploit dans l’une ou l’autre partie du spectre, mais rarement dans sa totalité. Avec le Chord, l’excellence du résultat global se traduit par une image beaucoup plus précise et réaliste. Présence, présence, présence : aucun autre mot ne souligne mieux l’impression d’écoute que cette répétition.

La connexion à un ordinateur nécessite, pour les environnements Windows, l’installation d’un pilote spécifique qui se trouve bien entendu sur le site de Chord Electronics. Il permet de traiter du matériel enregistré à des taux d’échantillonnage supérieurs ou inférieurs à ceux du CD. Il est d’ailleurs préférable d’omettre le contenu MP3, mais ça, ce n’est pas à vous, audiophile convaincu, qu’on doit le seriner !  Même aux débits binaires les plus élevés pris en charge, le ton et l’émotion sont, avec ce type de source, impitoyablement ressentis comme limités. Via un ordinateur, disons « standard » (attention, je ne parle pas d’un lecteur réseau audiophile), on en viendrait à trouver qu’il ne vaut pas la peine d’écouter en qualité studio des morceaux via Qobuz ou Tidal. Je regrettais au moment du test de ne pas disposer de lecteur réseau audiophile. Avec un PC standard, le téléchargement de matériel échantillonné à 96 kHz ou plus n’est pas indispensable ; non seulement de tels morceaux ne sont pas faciles à trouver, mas en plus nécessitent beaucoup d’espace et de capacité de téléchargement et sont bien sûr aussi plus cher. Je dois admettre que je ne peux plus observer de différence à des fréquences d’échantillonnage de 96 kHz ou plus par rapport à la version en 48 kHz du même matériau. En effet, la profondeur de bits supplémentaire au-dessus du Red Book 16 bits n’est pas, ou peu, perceptible pour mes oreilles de 55 ans. En dehors de la masse d’un orchestre symphonique, je ne vois pas très bien non plus ce qui pourrait justifier une telle différence de dynamique théorique de plus de 96 dB,  alors que 99% de la musique d’aujourd’hui limite la dynamique à 30 dB. Reste, me direz-vous, que qui peut le plus peut le moins, et, au moins, avec un débit plus élevé, on ressent psychologiquement moins le risque que l’on perdre des bits en cours de route…

Avec un casque, en l’occurrence un Sennheiser 800S, l’impression de détail est encore plus forte. Des subtilités infimes, inaudibles avec des enceintes même de haut de gamme placées dans le milieu semi réverbérant d’un salon standard comme le mien, deviennent soudain perceptibles sans avoir à passer à des volumes d’écoute malsains, pour projeter de manière réaliste l’image tridimensionnelle d’une performance en direct sans que cela ne sente le forcé. Il faut remarquer que le Chord Hugo coupe automatiquement ses sorties lors de l’utilisation d’un casque. Je pense parfois que c’est dommage, je préférerais avoir un contrôle marche/arrêt et volume séparé pour cela.

En mode préampli, associé pour l’occasion à un amplificateur à lampes 2A3 venant de chez Aquablue à Anvers et à des enceintes faites maison équipées de Fostex à pavillon haut rendement, complétées par un subwoofer REL, le Chord Hugo montre son côté le plus polyvalent. L’utilisation de la portion de sphère pour le contrôle du volume semble un peu déroutante, mais il y a toujours la télécommande pour revenir à une utilisation plus traditionnelle. Les maîtres ès jazz et blues que sont les haut-parleurs Fostex mettent une fois de plus tout le monde d’accord. Après m’être habitué à la restitution, il était temps de passer en revue les paramètres de filtrage du Hugo. Je remarque une petite différence de nuance entre les réglages 1 et 3, où, du moins avec les haut-parleurs Fostex, je préfère le numéro 3. La différence entre les filtres 2 et 4 me semble exactement la même qu’entre 1 et 3. Je dois insister sur le fait que nous parlons là de différences presque infinitésimales, ne se faisant sentir qu’après une longue période d’écoute.

Conclusion

Il est toujours difficile de juger un appareil dont le résultat est forcément influencé par ce qu’il y a en amont et en aval. Ce que je peux dire, c’est qu’il m’a été pénible de le retourner à l’importateur Joenit. C’est souvent « après », quand on l’a retiré de son système, que l’on se rend compte de la valeur d’un produit. Musicalement, j’ai ressenti un manque en le voyant disparaître, mais je me suis consolé en me disant que financièrement, il est un peu au dessus de mon budget personnel. Un appareil fantastique, accumulant à la limite trop de possibilités et de performances pour mes oreilles et par rapport à mon matériel de référence. Mais si vous êtes un vrai “aficionado” (les copains de mon fils diraient : « geek ») et que vous disposez d’un budget et d’un équipement à la hauteur, le Chord Hugo TT2 ne pourra que vous ravir. Avec des enceintes beaucoup plus High-end que les miennes (qui sont déjà pas mal, restons calmes !), et des enregistrements de qualité studio, vous serez étonné par ses capacités et ne pourrez plus vous en séparer.

Chord Electronics Hugo TT2

€5.500,-
8.8

PRESTATIONS

9.0/10

FONCTIONNALITÉ

9.0/10

PRIX/QUALITÉ

8.5/10

QUALITÉ DE FABRICATION

9.5/10

DESIGN

8.0/10

Pour

  • Qualité de fabrication hors normes
  • Soutien de toutes les tailles de fichiers audio
  • Polyvalence

Contre

  • Un peu élitiste
  • Ne se justifie qu’au sein d’un système d’un niveau absolu
Points de vente de la marque chord-electronics