La marque Cambridge Audio a été fondée en 1968 à… Cambridge, en Angleterre, où elle défend depuis lors le fameux “British Sound”. En 1994, la marque est intégrée dans le groupement Audio Partnership aux côtés entre autres de Mordaunt-Short, un fabricant d’enceintes également anglais. Le premier DacMagic est sorti en 1995 et est devenu emblématique de la marque. A suivi la non moins célèbre série Azur en 2003. C’est au tour de la série EVO de placer la marque sur l’avant-scène. Le modèle 150 est un système tout-en-un « de luxe » faisant l’objet du présent banc d’essai.

Technologie et installation

Cambridge Audio EVO 150 banc d’essai La série EVO représente un tournant dans la technologie d’amplification de Cambridge Audio. Jusqu’à présent défenseur des classes AB et B, la marque adopte pour la première fois une amplification en classe D. Mais pas n’importe laquelle : en utilisant des modules NCore développés par le spécialiste néerlandais Hypex (que l’on retrouve également dans des produits NAD, principal concurrent de Cambridge Audio.) Le plus grand avantage de la classe D est son efficacité, de sorte que de grandes puissances peuvent être fournies par des appareils de petite taille, car la classe D ne chauffe pratiquement pas (peu de déperdition calorifique), autorisant une conception plus simple et plus compacte. Dans le passé, la classe D a le plus souvent été associée à une qualité médiocre dans des productions bon marché, mais cela a changé entre-temps. Grâce à l’évolution technologique très rapide, la classe D a acquis ses lettres de noblesse avec des marques prestigieuses, et la musicalité fait désormais partie de ses attributs. 

Malgré sa taille compacte, l’EVO 150 se permet une puissance efficace de 2 x 150 W. C’est d’autant plus impressionnant que cette taille compacte abrite également un préamplificateur, un lecteur média et un DAC. L’appareil affiche du premier regard son appartenance à une gamme élevée. Le boîtier en aluminium noir avec une face avant en acrylique, derrière laquelle s’illumine un grand écran LCD, n’est pas seul à en témoigner : les flancs latéraux sont interchangeables. Ceux qui sont fournis avec l’appareil du test sont en beau « vrai » bois de fière allure. La finition est impeccable, le design et les dimensions sont uniques. Cambridge a vraiment tout fait pour qu’on ait envie de l’emporter chez soi. L’objet de ce banc d’essai est de vérifier si le ramage est aussi beau que le plumage…

Avant d’aller plus loin, voici un aperçu du design dans la capsule vidéo que nous avons consacrée au Cambridge EVO 150 :

En plus des informations habituelles telles que la sélection de la source et le volume, le grand écran LCD affiche, si disponible, la jaquette et des informations sur le morceau joué. La taille de l’écran est suffisante pour être lisible depuis une distance d’assise typique. Un grand bouton rotatif à double usage permet de sélectionner à la fois le volume et la source. Une subtile rangée verticale de boutons se dresse entre l’écran et le bouton. Une prise casque est également disponible mais uniquement en 3,5 mm. Un choix étrange et malheureux, car les écouteurs de haute qualité sont généralement équipés de prises jack 6,35 mm en standard. Les adaptateurs 3,5/6,35 mm sont très fragiles et constituent une source supplémentaire de possible mauvais contact dont on se passerait bien. Heureusement pour les mélomanes modernes, Bluetooth est pris en charge, de sorte que des écouteurs sans fil peuvent être utilisés. Il est vrai que Bluetooth n’offre pas (encore) la même qualité absolue que la connexion filaire, mais ceci est un autre débat. La télécommande élégante (ben oui, l’élégance, c’est plus chouette à utiliser) offre tout ce dont vous avez besoin pour un usage quotidien, tandis qu’une application pour Android et iOS contrôle tout le reste.

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La face arrière est bourrée de connecteurs. Outre la prise d’alimentation et les doubles bornes haut-parleurs (speaker A & B), on y trouve 1 sortie subwoofer, 1 entrée numérique coaxiale, 2 entrées numériques optiques, 1 entrée stéréo analogique XLR, 1 entrée stéréo analogique RCA et 1 entrée Phono MM (aimant mobile). Un port USB est prévu pour la connexion d’une clé ou d’un disque dur et un autre pour une connexion directe à un PC ou un Mac offrant différentes façons de casser les boucles de masse. Pour le téléviseur, une prise HDMI ARC est prévue. Si vous avez un ampli classe AB qui traîne dans un coin, vous pouvez le brancher sur la sortie ‘pre-out’, comme je l’ai fait moi-même pour approfondir le test. Une entrée spécifique est aussi prévue pour un lecteur CD EVO. Une connexion réseau Ethernet est disponible. Le sans fil est pris en charge via WiFi, Bluetooth et AirPlay. Pour les installateurs, il existe des déclencheurs, et un port RS232. D’une manière ou d’une autre, tout cela tient dans le petit espace arrière de l’EVO. Ne me demandez pas comment ils ont fait !

En pratique

Il est intéressant de constater comment le public, en seulement quelques années, se tourne de plus en plus vers le réseau pour écouter et visionner ses fichiers sources. Qui regarde encore la télé en linéaire ? Même ma brave mère, affichant bon pied bon œil ses 80 printemps, se nourrit de Netflix et d’Auvio. Pour la radio, même chose: elle surfe de radios internet en podcasts, alors que moi, simplement, “j’écoute la radio” dans la voiture. Le CD, qui a connu son heure de gloire, est en plein déclin. Les collections se dispersent sur les sites de seconde main et seuls les versions spéciales et autres SACD intéressent encore les audiophiles. Le CD n’est pas mort, bien sûr, et Cambridge en est conscient puisque l’EVO propose une entrée spécifique, mais les mélomanes sont de plus en plus déconcertés par une certaine rage dans la surenchère de fréquences d’échantillonnage toujours plus élevées, qui ne s’entendent pas, ou alors sur des systèmes que presque personne ne peut se payer. Et on s’étonne de la prétendue renaissance de l’analogique et du vinyle ? N’est-ce pas plutôt le confort rassurant de quelque chose que l’on connait bien et qui tout compte fait, à part une griffe et un petit souffle de temps en temps, ne marche pas si mal que ça ? Sans compter que le son HD ou même CD via internet ne représente qu’une infime part de ce que les gens écoutent aujourd’hui, principalement en écoute mobile sur Smartphone. Ma fille écoute presque exclusivement les flux LoFi via une connexion internet sans fil. Je m’efforce pourtant, puisque c’est mon métier, à optimiser la bande passante, la latence et autres paramètres de qualité, afin qu’elle n’ait aucun problème pour passer au minimum en qualité CD. Peine perdue. Le MP3 et la médiocrité ont la vie dure.

Cambridge Audio EVO 150 banc d’essai La gamme EVO est présentée comme enfant de notre époque, sans renier l’héritage de Cambridge. Une belle fusion de deux mondes en quelque sorte. J’ai voulu en avoir le cœur net, et j’ai profité de la sortie ‘pre-out’ pour brancher un amplificateur en classe AB de 2.000 €. J’ai bien dû admettre que l’amplification de classe D est devenue si qualitative que je n’entends pratiquement aucune différence, notamment dans les détails les plus subtils d’une percussion ou les tonalités d’orgue les plus profondes, lorsque je passe de l’amplification EVO à l’amplificateur en classe AB. Je pense qu’à ce niveau de qualité, c’est surtout avec la facture d’électricité que je sentirais la différence… 

C’est donc définitivement OK pour la classe D, du moins avec les excellents modules NCore Hypex. Les sections numériques sont elles aussi particulièrement soignées. Ce nouvel ajout à la gamme Cambridge Audio est construit autour d’une puce DAC ESS ES9018K2M récente capable de prendre en charge des taux d’échantillonnage jusqu’à 384 kHz et DSD256. Bien au-dessus de la limite d’audition humaine (voir la parenthèse ci-dessus). Le fait que Cambridge Audio n’opte pas pour le ES9028Q2M qu’ils utilisent dans le DacMagic 200M est effectivement intéressant, et pourrait alimenter les conversations d’audiophiles pointus un soir de mauvais temps, mais a probablement peu d’influence sur le résultat final pour qui est simplement mélomane.

Venons-en au plus important : le résultat sonore et l’émotion qu’il engendre ‒ou pas. Concrètement, je trouve le son de l’EVO 150 très neutre. Aucune mise en avant artificielle dans les basses ou dans les aigus. Donc, aucune coloration. Exactement comme un amplificateur devrait l’être. L’émotion doit venir de la source musicale elle-même. Une coloration peut créer artificiellement de l’émotion là où il n’y en a pas , et inversement. Avec une telle neutralité, l’objectif du banc d’essai s’oriente vite vers l’analyse de la convivialité au jour le jour et de la durabilité à plus long terme des fonctionnalités. J’ai d’ailleurs remarqué cette orientation il y a quelques mois, lors du test du NAD M10 V2, concurrent direct de cet EVO. Pendant les quelques semaines où j’ai été autorisé à le mettre à l’épreuve, la stabilité de l’EVO 150 s’est révélée sans faille et le plaisir toujours  présent.

L’interaction avec l’appareil se fait principalement via l’application propriétaire StreamMagic. L’écran LCD n’a pas de fonctionnalité tactile et ce n’est pas du tout nécessaire. La télécommande est principalement là pour le démarrage de la session d’écoute. Cette application est non seulement très complète mais aussi assez intuitive. TIDAL et Qobuz peuvent être configurés sur l’EVO lui-même. Roon fonctionne également parfaitement et le décodage MQA est entièrement automatique. Contrairement au NAD M10, le contrôle du volume via l’application est très précis, merci encore. En plus de la pochette et du titre/interprète, l’écran LCD propose d’autres informations pour que vous sachiez toujours où vous en êtes. La radio Internet est correcte, même si la qualité laisse à désirer. Mais cela n’a à voir qu’avec la source, la plupart des radios émettant en MP3, de surcroît avec un débit le plus souvent très pauvre. L’EVO, quant à lui, revendique sa neutralité et reproduit fidèlement ce qu’on lui donne.

L’EVO 150 a une entrée Phono. Je ne vais donc pas m’abstenir de l’essayer, faisant partie des mélomanes qui apprécient de temps en temps une bonne galette noire. La correction RIAA a toujours un peu tendance à faire fléchir la courbe de réponse dans les aigus, lui donnant ce caractère « chaleureux » qu’on prête souvent au vinyle. L’enregistrement numérique nous a habitués à des sonorités plus claires et plus brillantes. L’entrée Phono de l’EVO ne donne pas dans la clarté, la courbe reste descendante. Cela suffit pour une exigence lambda, mais pour une écoute plus détaillée et plus ciselée, il faudra faire appel à un très bon préampli Phono externe.

Cambridge Audio EVO 150 banc d’essai 

D’autres sources telles que la télévision via ARC HDMI et alternativement via une connexion optique n’ont posé aucun problème. J’ai connecté un lecteur CD T+A en optique numérique pour évaluer le DAC de l’EVO. J’ai aussi une énorme collection de galettes argentées (dont je ne veux pas me séparer !) L’écoute est claire et définie, sans stridence sur les voix ou les cuivres. Les orchestres sonnent bien pleins et les groupes de rock métal tonitruent délicieusement. Bref, du ‘British Sound’ comme on l’aime.

Conclusion

L’EVO 150 de Cambridge Audio fait mouche. Non seulement ce tout-en-un offre toutes les connexions que l’écoute moderne exige, mais le design est superbe avec un bel écran LCD qui en impose. Le rendu sonore est neutre et laisse bien passer l’émotion musicale. Le fait qu’il y ait un support MQA est un joli bonus. L’application et la télécommande sont parmi les meilleures de la catégorie. Avec les formats pris en charge, vous pouvez envisager l’évolution future des sources numériques sans appréhension. Il y a bien sûr le prix. On n’a pas l’habitude de ce genre de tarif pour des appareils tout-en-un qui occupent plutôt généralement le bas de la gamme. Mais l’EVO 150, ce n’est pas du bas de gamme. Ce n’est pas non plus du High-end, n’exagérons pas, mais il se situe dans une fourchette de prix médian que justifient pleinement ses performances. On peut trouver des éléments séparés de même niveau à ce prix, mais c’est une question de choix. Cambridge Audio nous présente une solution musicale complète, compacte, élégante, efficace et pratique à utiliser. Vous l’aurez compris : l’EVO 150 touche un public de mélomanes citadins vivant dans des appartements de plus en plus exigus. Ce qui ne veut pas dire que ces mélomanes n’ont pas droit au plaisir d’écoute. Au contraire, et Cambridge l’a bien compris avec la philosophie EVO.

Cambridge Audio EVO 150

€2.499,-
8.8

PRESTATIONS

9.0/10

FONCTIONNALITÉ

9.0/10

PRIX/QUALITÉ

8.0/10

QUALITÉ DE FABRICATION

9.0/10

DESIGN

9.0/10

Pour

  • Usage quotidien confortable
  • Un choix judicieux de fonctionnalités
  • Neutralité sonore
  • Design attrayant

Contre

  • Absence de correction acoustique du local
  • Prise casque en 3,5 mm seulement
  • Le prix peut être dissuasif
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