Lorsque je reçois une enceinte à tester, je consulte toujours d’abord le site Web du fabricant pour voir de quoi il s’agit, même si je connais déjà la marque. Cela s’est avéré d’autant plus nécessaire avec la  société française Devialet que, je l’avoue humblement, je ne  connaissais pas jusqu’à maintenant. Sur le site web, on peut lire ” implosive sound – this is no small revolution”, et la première chose qui vient à l’esprit est : oui, bon, le département marketing a bien travaillé… J’ai également lu que le Phantom II existe en deux versions : le 95 dB SPL (18 Hz à 21 kHz avec 350 Watts RMS) et le 98 dB SPL (18 Hz à 21 kHz avec 400 Watts RMS). Ou bien c’est du pipeau, ou bien c’est réellement du sérieux !

Dans la boîte

Les Phantom II 95 sont livrés dans une jolie boîte rouge dans laquelle ils sont emballés d’une manière ingénieuse pour éviter tout dommage pendant le transport. Tout d’abord, je jauge au poids de la boîte. Je me dis : sont-ce là vraiment des mini enceintes ? Je déballe, et surprise ! Elles sont vraiment petites. On peut les comparer à des grosses noix de coco. Mais alors, des noix de coco bien pleines : 4,3 kg chacune !

Les 2 enceintes sont livrées avec un jeu de trépieds. Sur la photo du site web, ils semblent fragiles, mais dès que je les ai eus en main, je me suis rendu compte que ce n’est pas du tout le cas. Trois tubes bien rigides se vissent dans une petite plaque. Le Phantom II lui-même se fixe à la plaque par une grande tige filetée. Une fois le tout bien assemblé, on a affaire à du stable et du solide.

Des possibilités de connexion généreuses

L’enceinte se contrôle avec l’application Devialet. Je l’ai téléchargée depuis le Play Store et après quelques secondes, elle était installée. Une fois l’application lancée, les choses sont extrêmement simples. Vous indiquez quel type de Phantom vous avez (I ou II) et le reste vient tout seul. La première enceinte produit tout un tas de bruits bizarres, mais c’est le signe que l’installation est en train de se faire. L’application signale alors qu’elle est prête à être utilisée.

Je répète l’opération avec la deuxième enceinte. L’application demande si on choisit une configuration mono ou stéréo (comme la plupart des enceintes sans fil un peu élaborées, vous pouvez choisir une fonction en solo ou en duo-stéréo). Chez nous, ce sera la stéréo bien sûr ! On choisit quelle enceinte sera celle de gauche et un joyeux “brooh !” nous signale qu’elle est d’accord.

À l’arrière, se trouvent un port réseau, la prise d’alimentation et une connexion analogique/optique, ainsi qu’un bouton de réinitialisation. La connexion analogique sert également d’entrée infrarouge numérique.

J’ai choisi la connexion sans fil (faut vivre avec son temps), mais les tenants de l’avec fil peuvent opter pour la connexion via un câble réseau UTP/RJ45. Nous y reviendrons plus tard. La connectivité est bonne. Vous pouvez contrôler le Phantom II directement via Airplay2, Bluetooth, UPnP et Spotify Connect. En outre, il est “Roon ready”. Grâce à l’entrée optique, vous pouvez même utiliser le Phantom II comme haut-parleur TV de qualité. Je n’ai pas été en mesure de  tester cette fonction parce que tout bêtement, et même je l’avoue, stupidement pour un testeur de produits, je n’avais pas de câble fibre optique approprié sous la main. Cela dit, je suis à demi pardonné, car ce câble doit être Toslink d’un côté et mini-jack de l’autre, ce qui n’est pas courant.

Malgré son poids, le Phantom II est en fait une enceinte vraiment petite. Mon expérience des petites enceintes sans fil n’est pas très positive, je suis donc plus que sceptique quant à ce que je vais entendre. Je décide d’aller droit au but avec l’intention d’en finir au plus vite avec ces petites prétentieuses et de revenir à mes monuments sonores habituels en lançant le morceau ” Sea Wall ” du film Blade Runner 2049 via Spotify. Et surprise : le tsunami sonore de Hans Zimmer traverse ma salle d’écoute et manque de me faire chavirer… En attendant que je me remette de ma surprise, je vous suggère de visionner cette petite vidéo montrant le design plutôt particulier de ces étonnantes minis :

Le test d’écoute : la gifle !

J’en suis resté comme deux ronds de flan pendant les 9 minutes 52 secondes 3 dixièmes suivantes. Je sais, je sais, vous en avez marre de lire dans des bancs d’essai des tartes à la crème du style “je n’en croyais pas mes oreilles”, « incroyable pour la taille », « des vrais petites bombes », etc. OK, OK, mais alors trouvez-moi vite une autre expression qui corresponde à ce que j’ai vraiment ressenti, et je prends tout de suite. Ce que ces 2 noix de coco produisent se situe dans un tout autre monde que celui auquel on s’attend avec des mini enceintes. Devialet décrit ainsi le Phantom II sur son site Web : « Le son implosif – ceci n’est pas une (petite) enceinte ». C’est presque un euphémisme, un péché de modestie. Un son pur jaillit de ces petites choses, un volume plein et massif, soutenus par une ligne de basse que même un subwoofer séparé aurait du mal à gérer. Un son joué sans aucune distorsion ni dans l’aigu ni dans le grave avec une image sonore équilibrée et ouverte. On ferme les yeux et on oublie tout. Mais alors, c’est quoi ces histoires qu’il faut des grosses caisses pour un gros son ? Attendez, je me pince pour voir si je ne rêve pas. Aïe ! Non, je ne rêve pas.

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Bon, ne nous emballons pas. Une bonne enceinte, c’est aussi de l’émotion musicale et du raffinement. Un bon gros son cinéma, d’accord. Impressionnant. Mais quid par exemple des magnifiques harmoniques de la guitare accompagnant la langoureuse voix de Macy Gray dans le morceau  Annabelle ? Ah ben oui : on y est, là ! Et bien là. La chair de poule assurée. Toute l’émotion passe, sans rien oublier. Ensuite, Jóhann Jóhansson avec Heptabod B tiré de la bande son du film Arrival. Un déferlement de sons traités numériquement s’entrecroisant avec une ample ambiance orchestrale acoustique. Là aussi, j’ai eu droit à un son prenant m’inondant de mille détails. Ce compositeur, qui nous a quittés beaucoup trop tôt, a créé ici un joyau musical que la prestigieuse firme Deutsche Grammophon s’est d’ailleurs empressée d’éditer. Au tour de The Weeknd avec Blinding Lights. Houlà ! l’intro ! J’ai eu peur pour mes murs ! Puis vient le martèlement régulier des basses sèches, mode disco. Je m’y crois. La suite est presque logique. J’ai voulu réécouter tout ce qui me fait vibrer sur mes grosses enceintes habituelles pour vérifier si les prestations de ces Phantom sont bien réelles, ou seulement… fantomatiques. C’est difficile d’admettre que parfois nos a priori peuvent être trompeurs, et on cherche alors la faille qui en finale nous donnerait raison. Tout y est passé, et surtout Seeya de Deadmau5, et Music Matters de Faithless, … C’est la fête ! Des aigus limpides qui vous réquisitionnent les oreilles et des basses sèches et fermes qui vous remplissent le ventre ! J’en redemandais encore et encore. Le plus incroyable: l’équilibre qui reste bon quand le volume est poussé à un niveau presque insupportable. Mais, sale bête que je suis, je n’étais pas encore convaincu à 100%. En passant I’m Not a Hero du film The Dark Knight (Batman), c’est seulement alors que j’ai été convaincu à 100%, et même à 150% du pouvoir des Devialet Phantom II à reproduire les basses extrêmes. Et le visuel est de la partie : les deux membranes latérales faisant partie du système de reproduction de graves de la Phantom II (on n’ose écrire « woofer ») ont un débattement vraiment spectaculaire et pour tout dire beau à voir.

Sur ce, mon fils Jo fait son entrée. Il fait une petite pause dans sa journée d’école en distanciel. Attiré par la musique forte mais de qualité, il me demande avec un sourire en coin si je suis occupé à travailler dur… (« ça va, toi, le boulot, pas trop dur ? ») Après avoir écouté un peu, Jo est également bluffé par la qualité des Phantom II (« ça, c’est pas une sono pour la plèbe ! ») Il m’a convaincu de faire un test comparatif le lendemain soir avec les Sonos Play5 et une ” vraie ” installation hi-fi (Rotel 1592 avec 2 x B&W 702 S2) qui font partie de notre vie.

Moment de vérité avec le test comparatif

Le lendemain, jour du test comparatif : on a installé les Devialet Phantom II à côté des 2 Sonos Play-5 et de l’installation Hifi (Rotel 1592 & 2x Bowers & Wilkins 702 S2.) Cette fois, les connexions pour les Sonos et les Devialet ont été faites via un câble réseau standard UTP6. Comme il fallait s’y attendre, la connexion filaire s’est révélée beaucoup plus stable qu’avec le Wifi. Mais cela, cela ne nous étonne pas, c’est toujours le cas. Le Rotel est connecté optiquement à un Sonos Connect. Notre source est Spotify (High-Res). Nous n’avons délibérément pas choisi Tidal ou Qobuz HiRes à cause de Sonos qui ne supporte pas d’origine ces deux serveurs. Dommage, mais bon.

Devialet Phantom II 95 dB Banc d'essai

Étaient également présents deux collègues qui ont participé au test d’écoute en respectant scrupuleusement les mesures anti-Covid (gel, masque et distance minimum d’1,5 m. rendue possible par la taille suffisante du local d’écoute.) L’objectif est d’écouter la même musique provenant de la même source sur les trois systèmes et de pouvoir ensuite distinguer et apprécier les différences. Nous reprenons la playlist de la veille.

  • Piste ‘Sea Wall’ tirée de la bande son du film Blade Runner 2049 via Spotify:
    • Sonos: Un certain agrément d’écoute vite handicapé par la difficulté des Sonos à reproduire les basses à haut volume.
    • Phantom II: Un déferlement sonore emplit la pièce avec des graves qui font tout trembler, sauf eux-mêmes: aucune distorsion audible. L’impression de son énorme et indestructible nous frappe tous, comme elle m’avait frappé la veille.
    • Rotel/B&W: Également cette sensation que toute la pièce est envahie par une énorme vague sonore. Les basses sont un peu moins écrasantes qu’avec les Devialet, mais c’est au profit de plus de raffinement et de détail dans le médium aigu. C’est ici que l’on commence à percevoir les différences entre les Phantom II et une installation Hifi classique style B&W qui, sans être de haut de gamme, n’en est pas moins équilibrée.
  • La voix de Macy Gray dans Annabelle:
    • Sonos: Jeu de guitare agréable, bien réparti entre les aigus, les médiums et les graves, celles-ci jouant un peu en retrait. On a envie d’ajouter un sub.
    • Phantom II: Merveilleux dans les basses, bien meilleur que les Sonos, mais nous pouvons tous entendre qu’il manque quelque chose dans les médiums. Ceux-ci paraissent se mettre timidement en retrait pour laisser la voie libre aux graves et aux aigus. Malgré cela, on n’est pas confronté à un son de type « loudness » comme celui que les audiophiles rejettent au profit d’une restitution plus neutre. Devialet apparemment a su créer son propre équilibre entre rendu spectaculaire et neutralité.
    • Rotel/B&W: La voix de Macy et la guitare qui l’accompagne se positionnent naturellement dans la pièce. C’est ici que se révèle le véritable apport de la chaîne haute-fidélité : par rapport aux Sonos et aux Phantom II, la chaîne Rotel/B&W offre une image sonore beaucoup plus réaliste, aussi bien en largeur qu’en profondeur. On y retrouve également une plus grande délicatesse des timbres. Les caractéristiques propres à chaque système commencent à nous apparaître clairement.
  • The Weeknd avec Blinding Lights, Seeya de Deadmau5, Music Matters de Faithless, …:
    • Sonos: Au début, le son plaît, surtout dans les aigus. Mais on est vite frustré par le déséquilibre privilégiant nettement le haut du spectre donnant l’impression d’un manque de basses alors que celles-ci sont bien présentes. Autrement dit, le son est « tiré vers le haut ». Il semble de ce fait un peu léger, même s’il n’est pas perçu comme agressif, Sonos ne faisant quand même pas dans le bas de gamme !
    • Phantom II: Des basses, des basses, oui, des basses. Et quelles basses ! Tout simplement magnifiques. Et de la dynamique à en revendre. Mais l’impression que cette avalanche de basses d’une rare qualité masque un peu les médiums en appauvrissant ceux-ci nous apparaît de plus en plus patente. Les aigus, eux, continuent à nous éblouir.
    • Rotel/B&W: Ah ! La haute fidélité. Au plus on avance dans le test comparatif, au plus on s’y raccroche. On profite d’un son équilibré, moins écrasant dans les basses fréquences mais sublime dans les moyennes et hautes fréquences. La présence scénique des instruments est beaucoup mieux ressentie qu’avec les Sonos et les Phantom, avec des médiums-aigus plus détaillés et plus raffinés.

Ce test comparatif nous a appris une bonne chose: il ne faut pas mélanger des pommes et des poires. Ces trois systèmes appartiennent à des catégories différentes et doivent être considérés comme tels. Prétendre qu’une petite enceinte connectée, fût-elle de très haute qualité, peut remplacer un grand système audiophile équivaut à affirmer qu’un petit trois pièces en ville, fût-il luxueux, peut remplacer une quatre façades à la campagne. La leçon à en tirer est qu’un produit peut exceller dans une catégorie tout en étant juste satisfaisant dans une autre. Lors de ce test, nous avons été confortés dans l’idée que seule une chaîne Hifi de qualité classique nous transforme en auditeurs privilégiés installés aux meilleures places d’une salle de concert. Par contre, il y a des cas où une chaîne Hifi ne peut trouver sa place, et il est réjouissant de savoir que des fabricants comme Sonos et plus encore comme Devialet sont capables de proposer des alternatives qui apportent au moins autant de plaisir. Le tout est de ne pas se tromper de catégorie et de choisir le meilleur produit possible dans la catégorie concernée. Une fois cela acquis, oui, les Devialet, dans leur catégorie, sont véritablement implosives.

Il restait quand même un doute : ne sommes-nous pas influencés par le côté visuel des systèmes à comparer, et ne risquons-nous pas une appréciation subjective trop influencée par notre vécu ? Nous avons donc, après une pause café bien méritée, décidé d’effectuer des tests en aveugle : le même morceau de musique est passé aléatoirement par les 3 systèmes. « Devinez quel système joue maintenant ! » C’est alors que nous sommes arrivés à la véritable conclusion de ce test comparatif :

“On a pu trouver à chaque fois quand c’est Sonos qui jouait. Mais entre les Phantom II et les B&W, c’était moins évident”

… ce qui est évidemment très positif pour les Phantom II. D’autant plus que ceux-ci affichent, pour certains types de musique, des performances supérieures aux deux autres systèmes. Selon le type de musique, on peut donc affirmer que les Phantom II ont des performances supérieures à la moyenne ! Avec des morceaux Pop, Urban, R&B, et même Hardrock (non, nous n’avons pas oublié AC/DC et Rammstein), où les lignes de basses sont prédominantes, l’expérience d’écoute est plus intense. On pourrait même ajouter qu’elle rejoint l’exceptionnel. Mais une certaine faiblesse se fait ressentir avec des morceaux acoustiques où les harmoniques dans les médiums sont particulièrement importantes. Le petit creux dans cette partie du spectre donne l’impression d’une légère compression d’instruments comme les cordes dans un quatuor ou des voix traditionnelles dans les musiques du monde. 

Mais dans l’ensemble, et une dernière écoute des Phantom II’s seules, hors comparaison,  nous l’a confirmé: ces noix de coco sont vraiment magiques et l’on ne voit pas comment on pourrait ne pas les aimer. Plus on les écoute, plus on a envie de les écouter. Alors, les Phantom II, un OVNI luxueux et atypique destiné aux milieux urbains modeux où se côtoient geeks, influenceurs-euses et fashionistas totalement hypés ? Non, du tout. Il ne faut pas les réduire à cela. Les énormes qualités de ces enceintes sans fil les rendent (presque) universelles. À meilleure preuve, l’enthousiasme de mes collègues qui, comme moi, sont pourtant des hifistes convaincus ne jurant que par des grosses enceintes alimentées par des gros amplis. On a tous eu envie de les emporter chez soi. Je les verrais d’ailleurs bien dans le bureau mobile que je compte installer dans mon jardin pour m’isoler en télétravail. Elles ne sont pas données, mais pas de vacances cette année, et après tout, on mérite bien un peu de luxe pour oublier cette période pénible, non ?

Devialet Phantom II 95 dB

990,- euros / pièce
9

PRESTATIONS

8.5/10

PRIX/QUALITÉ

9.2/10

QUALITÉ DE FABRICATION

9.0/10

DESIGN

9.5/10

FONCTIONNALITÉS

9.0/10

Pour

  • Installation et utilisation faciles
  • Énorme puissance à la limite de l’incroyable
  • Une dynamique et des basses surréelles
  • Design atypique et avant-gardiste
  • En solo ou en duo : la musique est reine

Contre

  • Des médiums pas tout à fait à la hauteur des basses et des aigus
  • Lecture des données NAS seulement possible avec un lecteur UPnP
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