JBL, initiales de son fondateur James Bullough Lansing, est issu de la scission en 1946 d’avec Altec Lansing qui avait repris sous son aile la société d’origine LANSING Manufacturing Company fondée en 1927 mais mal gérée par le génial technicien qui avait contribué au lancement du cinéma parlant avec The Jazz Singer. L’histoire est connue. En 1949, James B. Lansing est à nouveau confronté à des erreurs de gestion et sa marque qui pourtant est à l’origine de nombreuses évolutions dans le domaine acoustique, va au plus mal. Cela l’amène à mettre fin à ses jours. William Thomas rachète la société à la veuve de James B. Lansing et en peu d’années fait d’elle un des leaders dans le monde de la reproduction acoustique innovante de qualité. En 1969, la marque entre dans le giron de Harman qui à son tour est absorbé par le géant coréen Samsung. Aujourd’hui, la marque, sous le label JBL en hommage à son fondateur, est considérée comme l’une des plus importantes et des plus dynamiques, connaissant une croissance continue.

JBL L82 banc d’essai Le modèle L100 était une enceinte emblématique dans les années 1970, tant pour ses propriétés acoustiques que pour son attrait visuel. Elle est rapidement devenue un véritable best-seller, qui se prolonge aujourd’hui auprès des collectionneurs. Que ce soit dû à un effet marketing artificiel, ou tout simplement à une certaine nostalgie de la « qualité d’avant », le rétro, ou vintage, est à la mode. JBL n’a pas dû chercher longtemps pour satisfaire les amateurs du « mieux avant ». En 2018, il lui a suffit de rouvrir le portefeuille de ses modèles à succès et de lancer la JBL L100 Classic : une enceinte avec le même style et les mêmes caractéristiques de base, mais avec des composants mis à jour. Nouveau succès. Mais JBL doit aussi penser aux ventes à l’export, et les habitudes de vie ne sont pas partout les mêmes que dans les grandes maisons américaines. Dans les grandes villes d’Asie et d’Europe, les intérieurs sont plus petits, et on ne peut pas vraiment dire que la L100 soit adaptée aux salons modernes où chaque centimètre est compté. Ainsi vont les choses chez nous : alors que les voitures sont de plus en plus grandes, les enceintes, elles, doivent être de plus en plus petites. Il faut s’adapter, y compris pour le rétro, et le temps était donc venu de développer une version relativement compacte de la L100. Bienvenue à la L82 Classic !

Technologie et installation

Comment faire ? Il s’agit de garder l’esprit et le style rétro, en résolvant la quadrature du cercle imposée par les exigences de la vie moderne. On reprend donc la forme et l’aspect de base de la L100 Classic à 3 voies, on supprime le haut-parleur médium et le gros woofer de 12 pouces (30 cm) et on les remplace tous deux par un seul haut-parleur grave-médium de 8 pouces (20 cm), grâce à l’évolution technologique qui permet de réussir aujourd’hui ce qui n’était pas possible hier. On réduit le volume de l’enceinte, on place l’évent bass-reflex dans le baffle avant et on appelle la nouvelle venue « enceinte de bibliothèque ». Bibliothèque, entendons-nous : une bibliothèque plutôt conçue pour des énormes livres d’art, non pour des livres de poche… Donc, ça va pas. Solution : des supports de sol dédiés pour placer les enceintes au niveau des oreilles, et voilà comment un mastodonte comme la légendaire L100 se mue en enceinte « civilisée ».

JBL L82 banc d’essai Le résultat est plutôt réussi. La finition est très, vraiment très soignée. Les grilles amovibles non magnétiques sont une œuvre d’art en soi avec leur surface en mousse crénelée de type Quadrex et les couleurs disponibles (orange, bleu et noir) plutôt originales. Le placage noyer des côtés donne à la L82 un bel aspect de meuble classique. L’arrière est, tout comme l’avant, recouvert d’une solide peinture noire granite et laisse apparaître des bornes haut-parleurs de belle facture. Seulement deux : + et -, le bi-câblage n’est pas prévu (ce sera pour la prochaine mode rétro dans 40 ans…) En déposant la grille, on aperçoit un tweeter à dôme en titane de 1 pouce, placé au centre d’une ébauche de pavillon circulaire et muni d’une pièce de diffraction destinés à guider et élargir la dispersion sonore. Un potentiomètre permet de légèrement augmenter ou diminuer le niveau du tweeter. Comme dans les années ’70. Une autre bonne raison pour toujours avoir en réserve chez soi du Gold 2000 : si ce potentiomètre se comporte comme ceux des années ’70, un petit coup de temps en temps de cet efficace lubrifiant protecteur de Kontakt Chemie l’empêchera de crachoter lorsqu’on le manipulera dans quelques années. Le bas-médium est reproduit par un haut-parleur dans la plus pure tradition JBL : un cône en pulpe de cellulose (terme noble pour désigner du papier — retenez-le : vous le replacerez lors d’une discussion entre audiophiles) à corrugations et une suspension souple pour des débattements importants de la membrane, gage d’une réponse en basses puissante. La qualité des transducteurs est du niveau de ceux utilisés dans la gamme pro de JBL. L’accord de l’évent de décompression permet à l’enceinte de descendre jusqu’à 44 Hz.

Les supports JS-80 ont été conçus spécifiquement pour les JBL L82. En métal, très solides, ils ne sont pas inclus en standard mais se révèlent vite indispensables si on veut profiter du meilleur rendu possible de ces enceintes atypiques. En positionnant celles-ci sur les JS-80, on constate qu’elles adoptent la meilleure position possible, à bonne hauteur d’oreille et légèrement inclinées vers l’arrière. Les bandes de protection en mousse qui isolent l’enceinte du support métallique ne sont pas collées très fermement au cadre, mais pour l’utilisateur normal, qui ne va pas constamment changer les enceintes de place comme je l’ai fait durant ce banc d’essai, la question ne se pose pas.

Les enceintes JBL L82 sont relativement faciles à positionner, surtout si on a pris soin d’acquérir les supports dédiés en option. La notice explicative montre bien comment les placer par rapport au point d’écoute. Pour un positionnement sur des étagères, l’évent monté à l’avant permet d’éviter les résonances parasites dus à la proximité du mur arrière. Les enceintes sont appariées, c’est-à-dire qu’il y a une enceinte gauche et une droite pour la meilleure image stéréo possible.

Pour vous aider à imaginer ce que donnent visuellement ces enceintes “de bibliothèque”, nous vous avons préparé cette petite vidéo :

En pratique

Du rock, du rock et encore du rock : c’est la nourriture quotidienne de ces enceintes. Au début, j’ai été un peu choqué par un rendu quelque peu strident ; il est vrai que j’avais déposé les grilles. Une grille d’enceinte n’est jamais à 100% acoustiquement transparente. C’est pourquoi, remarquez-le, les démonstrateurs et les audiophiles jouent toujours sans. C’est alors que j’ai un instant oublié mes préjugés audiophiles puristes, et que j’ai joué avec le réglage d’aigu. En rougissant un peu, j’ai bien dû reconnaître que ce genre de réglage est diablement efficace. Il suffit d’avoir une acoustique un peu trop réverbérante et les aigus deviennent limite insupportables, même avec des tweeters réputés pour leur neutralité. Dans mon cas, les enceintes faisaient face à la porte-fenêtre donnant sur la véranda, et les aigus, en position neutre, étaient amplifiés par la surface vitrée qui provoquait un effet miroir. Grâce à ce réglage, j’ai réussi à obtenir un équilibre mariant dynamique et une certaine douceur. Venons-en justement à la dynamique. Malgré leur sensibilité de 88 dB, valeur tout au plus moyenne, les JBL L82 peuvent s’éclater sans perdre de détails. Ça danse et ça rythme sans retenue. Avec 44 Hz à -6dB dans le grave, ils n’ont pas à rougir par rapport à des enceintes plus grosses. Mais les basses vraiment profondes, par opposition au “slam” qui s’exprime dans des fréquences un peu plus élevées, n’ont pas l’impact physique ressenti lors de l’écoute d’enceintes modernes travaillant mieux cette partie du spectre. Il est vrai que si l’on veut un grave abyssal, détaillé et même timbré qui vous prenne au ventre, il faut consentir un budget beaucoup plus élevé. En tout cas, avec les JBL L82, si votre préférence va à la musique pop ou rock du dernier demi-siècle, vous êtes au bon endroit.

Queen et son Bohemian Rhapsody: un magistral opéra moderne. Les voix superposées de tessiture différente sont le point culminant de cette chanson. L’image spatiale du L82 est très bien rendue sans exagération artificielle, mais ce n’est pas inhabituel dans ce segment de prix. Grâce à des supports qui les inclinent légèrement, les JBL L82 parviennent à créer un ressenti de scène en hauteur, et pas seulement en largeur. Les supports apportent vraiment une qualité ajoutée à la reproduction. Outre les envolées vocales, Bohemian Rhapsody exige aussi une restitution dynamique. Ce qui n’est vraiment pas un problème avec les JBL L82 ! Elles n’ont pas peur des passages plus complexes, même si elles ne jouent pas dans le raffinement absolu. Bref, exactement le son que l’on aimait écouter dans les Seventies. En cela, c’est une belle réussite.

JBL L82 banc d’essai Si George Michael a commencé sa carrière au sein de Wham! avec de la zizique de hit-parade, il s’est rattrapé par la suite lorsqu’il s’est lancé en solo. Son talent a véritablement éclaté dans la seconde moitié des années 90, à partir de la sortie de “Older”. Séduit par son talent révélé en solo, j’en suis venu à inclure au fil des ans George Michael dans ma liste d’artistes préférés. “Jesus to a Child” est devenu un classique. Outre ses qualités musicales, ce morceau bénéficie techniquement d’un enregistrement de haut niveau en studio. Les JBL sont férus de musique énergique, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne conviennent pas à des ballades mélodiques. Le travail tridimensionnel du son dans ce morceau est rendu de manière convaincante et l’onctuosité de la voix de George caresse les oreilles.

Conclusion

Les JBL L82 sont la meilleure preuve qu’une conception qui a connu son heure de gloire il y a une cinquantaine d’années peut encore faire des petits aujourd’hui. L’actuelle progéniture dans la gamme Synthesis Classic apporte autant de plaisir que ses aïeux. Immortelle dans son design, intemporelle dans sa signature sonore. L’apparence doit bien sûr vous plaire, mais si c’est le cas, il n’y a aucune raison de ne pas considérer ces enceintes. Si vous craquez pour le son « West Coast », vous les adopterez vite chez vous en n’oubliant pas d’inclure les stands dans votre commande. Ils ne sont optionnels que de nom, il faut un peu les considérer comme les options pour une voiture allemande : absolument indispensables. Et, sans être obligé de vous laisser pousser les cheveux et de porter des pattes d’eph (mais vous pouvez, je n’ai rien contre), vous vivrez les mêmes émotions que celles que les jeunes et moins jeunes des années ’70 – ’80 vivaient, à l’époque où l’âge d’or du rock ne participait pas encore du souvenir nostalgique.

Prix indicatif :

  • JBL Synthesis L82: 2.290 euros (la paire)
  • Support JS-80 spécifique pour L82: 250 euros (la paire)

JBL L82

2.290 euros (la paire)
8.2

PRESTATIONS

8.0/10

PRIX/QUALITÉ

7.5/10

QUALITÉ DE FABRICATION

9.0/10

DESIGN

8.0/10

FONCTIONNALITÉS

8.5/10

Pour

  • Finition impeccable sans être inutilement luxueuse
  • Énorme amélioration visuelle et acoustique par l’usage des supports dédiés
  • Réglage efficace et bienvenu du tweeter
  • Sonorité Seventies garantie

Contre

  • On paie le prix
  • Pas d’autre finition que le noyer
Points de vente de la marque jbl-synthesis