Voici la suite du feuilleton de l’été. Vous êtes nombreux à le suivre, vous qui vous demandez: Comment devient-on concepteur d’audio haut de gamme?
Que vous soyez audiophile ou passionné de musique, ou bien sûr les deux, vous découvrez en plusieurs épisodes, une fois par semaine, le récit passionnant de Rumen Artarski, le CEO de Thrax Audio.
Source: Mono & Stereo – Interview réalisée par Matej Isak
Résumé de l’épisode précédent:
Rumen s’arrête longuement sur l’histoire de l’amplificateur Spartacus (ce nom n’est pas choisi au hasard, c’est celui du gladiateur …thrace qui a failli ébranler la puissance de Rome). Cet amplificateur mythique est né d’un faisceau de questionnements portant non seulement sur les tubes de sortie mais aussi sur ceux d’entrée et en général sur chaque partie de l’amplificateur, qu’elle soit de première ou d’infime importance. La nouvelle version du Spartacus utilise l’un des tubes les plus connus au monde, un tube triode à la forme emblématique… devinez lequel?
Matej: – Dans quelle mesure la technologie de vos modèles haut de gamme a-t-elle été appliquée également sur les produits plus abordables?
Rumen: – Au démarrage d’un nouveau projet nous définissons l’objectif poursuivi dans ses moindres détails avant d’y ajouter les éléments indispensables. Ensuite, nous recherchons la meilleure solution envisageable pour chacun des éléments, ainsi que le système de monitoring. C’est comme si, au fil des ans, nous avions développé nos propres briques de lego utilisées pour les différents éléments – alimentations, références de voltage, cascode, etc. Autant de modules utilisés pour toute la gamme. Quand nous sommes en mesure d’améliorer un des éléments, nous en faisons autant pour toutes les versions suivantes de la gamme. Après quelques années à ce rythme, la somme des améliorations mène parfois à une véritable avancée. Nous lançons alors le développement de produits MKII.
Notre département R&D étudie différents domaines (science des matériaux, mécanique, acoustique, nouveaux composants et électronique). Au début, nous déposions des brevets afin de protéger notre propriété intellectuelle et nos investissements, mais aujourd’hui, peu nous importe. Nous ne visons pas une production de masse et si quelqu’un est capable d’analyser nos concepts et d’acquérir une connaissance suffisante de notre savoir-faire, cela signifie qu’il est assez intelligent pour mériter notre respect et donc, libre à lui d’en faire usage.
Peu de personnes opérant à un tel niveau, nous devons nous entraider, afin d’améliorer toujours plus les systèmes audio.
Matej: – Parlez-nous de vos enceintes?
Rumen: – Ça, c’est une toute autre histoire. La Lyra a été développée par Plamen Vlachev, un acousticien et concepteur d’enceintes expérimenté. Il en a développé plusieurs centaines, pas seulement pour la HI-FI, mais aussi pour des applications militaires. Il y a de cela quelques années, je participais au projet de construction d’un studio d’enregistrement à proximité de Sofia. Ayant l’expérience de ce type de travail, je souhaitais un nouveau système de monitoring dans la cabine. Sur le marché audio professionnel, je ne trouvais aucune solution susceptible d’atteindre un bon niveau en termes de tonalité et de résolution. La plupart des haut-parleurs grand public ne supportent pas la pression acoustique obtenue avec des signaux de microphone non compressés et les enceintes pro n’ont pas la tonalité ou la résolution souhaitée.
Le tweeter était généralement le maillon faible. On peut parler de deux tendances dans l’univers de la construction d’enceintes: ceux qui coupent le tweeter trop bas, et ceux qui le font trop haut. Dans les deux cas, cela donne une distorsion importante dans les médiums.
Il fallait trouver une solution. Nous utilisions des pavillons sur mesure pour les plus gros systèmes et avons donc décidé de faire de même pour les plus petits ensembles. Pour la Lyra, BMS a réalisé une version sur mesure sur base de l’un de ses hauts parleurs. Cela nous a permis de couper le tweeter assez bas afin que les diaphragmes en magnésium des drivers Seas continuent à fonctionner comme un “piston”. La distorsion typique de l’intermodulation d’un tweeter à longue course est compensée par le pavillon. En studio, cela a tellement bien fonctionné que j’ai décidé d’en utiliser quelques-uns chez moi. Ensuite, la date du salon de Münich approchant, je me dis qu’il serait peut-être malin d’y exposer la Lyra. Le reste appartient à l’histoire.
