Voici la suite du feuilleton de l’été. Vous êtes nombreux à le suivre, vous qui vous demandez: Comment devient-on concepteur d’audio haut de gamme?
Que vous soyez audiophile ou passionné de musique, ou bien sûr les deux, vous découvrez en plusieurs épisodes, une fois par semaine, le récit passionnant de Rumen Artarski, le CEO de Thrax Audio.
Source: Mono & Stereo – Interview réalisée par Matej Isak
Résumé de l’épisode précédent:
Rumen Artarski a expliqué l’origine du nom THRAX: il s’agit d’une référence à la Thrace, région historique riche en traditions et en trésors artistiques qui englobait dans l’antiquité une partie de la Bulgarie. Confronté au choix du style qu’il devrait donner à ses nouvelles réalisations, Rumen évoque plusieurs marques qui l’ont inspiré, parmi lesquelles figure en bonne place la haute-fidélité danoise dont il était familier pour en avoir distribué les meilleurs produits. Outre le style visuel, Rumen s’attarde longuement sur les solutions techniques qu’il admirait chez certains grands concepteurs. Ses analyses des marques les plus prestigieuses allaient constituer un fonds dans lequel puiserait Rumen pour lancer sa course vers l’absolu…
Matej: – Est-ce que vous vous considérez comme un audiophile?
Rumen: – J’écoute de la musique chaque jour, aussi bien par pur plaisir que pour mon travail. J’adore découvrir de nouveaux artistes et des musiques inconnues. Il faut dire que je suis un peu détraqué, puisque je vais même jusqu’à tendre l’oreille aux timbres, à l’équilibre tonal et à la dynamique et que “j’entends” comment un enregistrement a été réalisé. Beaucoup de bonnes musiques ont été mal enregistrées, comme il existe de nombreux enregistrements magnifiques d’exécutions musicales médiocres. Mais n’étant pas un critique musical, j’éprouve aussi chaque jour un immense plaisir à écouter de la musique découverte par le biais de Qobuz et Tidal.
Dans ce sens, je suis donc certainement un audiophile. Si le son n’est pas assez bon pour que j’y prête l’oreille, je ne perds pas de temps à l’écouter. Et même si je ne chante pas sous la douche, j’ai installé un plafond acoustique pour éliminer l’écho dans la salle de bain. Je vous laisse juge….
Matej: – Y a-t-il une différence entre un passionné de musique et un audiophile?
Rumen: – Les amateurs de musique aiment la musique, ils prêtent attention aux textes, à la mélodie et au rythme, alors que les audiophiles ne peuvent se passer du reste du message.
A titre de comparaison: on va voir une pièce de Shakespeare pour le message qu’elle contient et la performance des artistes mais on va au cinéma voir le dernier film de Lucas ou de Cameroon pour vivre une expérience renversante. Ce sont deux univers totalement différents.
Matej: – Pouvez-vous nous parler de la ligne actuelle de produits Thrax Audio?
Rumen: – Ce n’est pas facile. Thrax propose une large gamme de produits, allant de la source aux haut-parleurs. Peu de fabricants proposent autant de produits différents. Tentons une approche historique:
Chaque produit Thrax a été conçu sur un mode que j’estime être le meilleur, basé sur ce que je considère personnellement être la réponse parfaite à mes besoins. Le tout premier produit était le préamplificateur Dionysos, qui présentait toutes les caractéristiques dont je pouvais rêver, la meilleure atténuation et une sortie à un seul tube.
Le préamplificateur Orpheus Phono a suivi peu après. Il est doté d’une égalisation LCR, d’un transformateur élévateur incorporé, de multiples entrées et d’une mémoire pour les réglages. Rien de tel n’était proposé à l’époque (et je ne suis pas certain qu’il y en ait beaucoup aujourd’hui). Pour finir, les amplificateurs de puissance mono Spartacus étaient basés sur un concept Western Electric, mais poussé à l’extrême.
Ces amplificateurs Spartacus représentaient en quelque sorte la cerise sur le gâteau, mais le fait que les tubes n’étaient pas protégés, pas plus que les “capotages” des tubes 300b, voilà qui nous a incités à plancher sur un concept sans tubes. C’est ce qui a donné lieu au développement du Heros.
Mais produire un amplificateur dont le son se rapproche de celui du Spartacus sans recourir à des tubes, c’était un sérieux défi… que nous n’avons pas pu relever. A l’heure actuelle, le Heros utilise toujours un petit tube dans l’entrée symétrique du transformateur, mais le Mosfet agit comme un amplificateur à tube.
Bref, un magnifique amplificateur en Classe A, grâce auquel les amateurs de musique qui souffrent de “tubophobie” peuvent vivre une véritable expérience Thrax ☺…
