Wharfedale fait partie du paysage électro-acoustique britannique depuis sa fondation, en 1932. En 1996, la firme a intégré I.A.G. (International Audio Group), rejoignant d’autres marques mythiques comme, entre autres,  Quad, Audiolab, Mission et Luxman. Au fil des ans, la marque a continué à se spécialiser dans la fabrication et la commercialisation de systèmes d’enceintes acoustiques se distinguant par leur excellent rapport musicalité/prix. Les plus anciens (mais toujours jeunes d’esprit) parmi nous se souviennent du succès des modèles Denton et Linton dans les années ’60, et, plus tard, des multiples évolutions du modèle Diamond, une petite enceinte révolutionnaire sous bien des aspects. La Linton Heritage rend hommage à l’histoire de la marque. L’enceinte Linton originale a vu le jour en 1965 et se présentait sous la forme d’une enceinte de bibliothèque au volume suffisamment généreux pour accueillir une configuration trois voies, alors que la Denton était plus compacte avec une configuration deux voies. Les deux modèles renaissent aujourd’hui pour former la série Heritage.

Technologie et installation

Avec ses 56 x 30 x 33 cm, en effet, le format de la Linton Heritage peut bien être qualifié de « généreux ». Au point qu’on ne la verrait pas trop prendre facilement place au sein d’une bibliothèque. Pas assez hautes pour être posées au sol, c’est donc sur des pieds que ces enceintes se sentiront le mieux. En outre, les deux évents de décompression placés à l’arrière ne facilitent pas l’installation contre un mur. Wharfedale  propose donc un support en option, fini dans le même matériau que l’enceinte elle-même, et plutôt ingénieux, car il permet de caser des vinyles. Nous n’en avons pas reçu pour ce banc d’essai ; nous avons donc utilisé nos propres pieds. Mais, en visionnant la page produit sur internet, il faut avouer qu’avec les pieds de Wharfedale, l’ensemble a une tout autre « gueule »…

Wharfedale Linton Heritage: banc d’essai enceinte acoustiqueLes nouveaux Linton ressemblent aux modèles historiques par leur nom et leur apparence, mais la comparaison s’arrête là. En plus de 50 ans, la technologie a beaucoup évolué et la nouvelle mouture en profite largement. Un haut-parleur en Kevlar de 20 cm fournit des graves bien présents qui descendent à 40 Hz à -3 dB et un médium également en Kevlar de 13 cm s’occupe de cette partie particulièrement délicate du spectre sonore. Rappelons qu’à l’origine, les cônes des haut-parleurs étaient fabriqués en papier. Au-delà de 2.500 Hz, c’est un tweeter à dôme souple qui prend le relais. 

Les 3 haut-parleurs sont alignés verticalement, différemment de la version historique où ils étaient concentrés en un rectangle, le tweeter à côté du médium. Dans la version Heritage, le tweeter est légèrement décentré afin de casser dans une certaine mesure le rayonnement parasite dû aux effets de bord. La réponse du woofer est amplifiée par deux évents (« bass-reflex ») placés à l’arrière. Rapprocher ou éloigner les enceintes du mur change beaucoup les basses. Vous pouvez également légèrement boucher les évents pour diminuer leur effet si les basses sont exagérées. Petite note anecdotique : attention à vos enfants ! Ils ont toujours tendance à fourrer quelque chose dans un trou. Cela a été le cas chez moi… mais heureusement j’ai pu rapidement retirer le doudou que mon petit dernier y avait caché. Le large panneau avant, ou baffle, est bien dans la lignée d’une époque révolue où l’on ne se souciait pas encore, à de rares exceptions près, de la mise en phase des haut-parleurs par décalage physique ni de la chasse aux effets de bord en veillant à ce que l’ébénisterie ait des bords incurvés par exemple. De l’ensemble se dégage nettement une impression de nostalgie.

Jugez-en en visionnant notre capsule vidéo

Le boîtier est d’une belle finition, et l’acheteur a le choix entre plusieurs versions : placage acajou, noyer ou teinté noir. Les grilles amovibles sont insérées entre les bords proéminents de l’enceinte (ce qui justement contribue à ce fameux effet de bord indésirable). Pas de fixation magnétique pour ces grilles, mais des plots sur le baffle s’engageant dans des inserts pratiqués dans le cadre de la grille. Ce qui implique que l’allure générale de la Linton Heritage est plus belle avec grille que sans. À l’arrière, deux borniers plaqués or attendent des fiches banane ou du gros câble dénudé. Pas de bi câblage, donc.

En pratique

Wharfedale Linton Heritage: banc d’essai enceinte acoustiqueUn si bel ensemble d’enceintes passives à l’ancienne se connecte rapidement, bien sûr. Le positionnement, en revanche, s’est révélé un peu plus difficile que je ne le pensais. Le grave est vraiment bien présent et à cause des évents bass-reflex intégrés à l’arrière, l’enceinte a besoin d’un peu d’air autour d’elle. Comptez bien un demi-mètre, ce qui exclut l’installation dans ou sur un meuble. Heureusement, ce n’était pas un problème dans ma configuration. Habituellement, je commence l’aventure audio en plaçant l’enceinte presque parallèlement au mur du fond et j’ajuste le “pincement”, la rotation vers l’intérieur, par petites étapes jusqu’à ce que j’obtienne le meilleur résultat. Souvent, ce “pincement” n’est pas symétrique dans ma pièce d’écoute car la position des enceintes n’est pas non plus symétrique dans la pièce et un mur latéral uniquement à droite leur joue parfois des tours. Avec ces Linton on s’est vite rendu compte que les sections médium et surtout aigu étaient quelque peu opprimées par la violence du woofer. On a donc décidé d’orienter les enceintes directement vers l’auditeur pour profiter au maximum de la directivité des tweeters.

Une fois les Wharfedale Linton bien placées, la musique est au rendez-vous. Elles ne semblent pas être dévolues à une seule cause, et se sentent bien avec tous les genres. Mais c’est surtout avec de la musique acoustique, classique, jazz et blues, que les Linton Heritage donnent le meilleur d’elles-mêmes, avec des graves vraiment généreux. Avec des chansons, les voix sont moins présentes qu’avec d’autres enceintes de référence que j’ai l’habitude d’écouter. Cela est évidemment dû au retrait des aigus, intimidés qu’ils sont par la puissance des graves. Le plaisir d’écoute vient plutôt de la restitution d’une image sonore pleine et riche. Le placement des instruments est correct pour la gamme de prix et la répartition horizontale de la scène est également bonne. Avec un morceau de TaxiWars, l’ensemble de jazz né de la rencontre de Tom Barman et de Robin Verheyen, le sax soprano perd un peu de sa rutilance à laquelle je suis habitué avec d’autres enceintes. Par contre, les riffs de basse dans Peaches des Stranglers gardent bien leur mordant. Et je me suis replongé dans la magie lancinante du rythme de Come Together des Beatles…

Avec une musique marquée par un beat plus lourd, les basses devraient parfois être contrôlées, mais c’est purement subjectif, car les amateurs de ce genre de musique apprécient en général un son « basseux ». Dans les petites pièces il faudra quand même bien faire attention à la violence des woofers et user des bouchons pour domestiquer les évents. Bien placés, les Wharfedale Linton Heritage sont des reproducteurs exubérants et enthousiastes pour toutes sortes de genres musicaux.

J’ai pris du plaisir avec des musiques allant de Radiohead à Morcheeba et de Queen à Tame Impala. Vangelis, Portishead, tous passent bien. L’impression subjective est celle d’une courbe de réponse descendante, privilégiant une restitution « chaude ». Il est un fait que ce genre de restitution, pour n’être pas puriste, plaît toujours.

Conclusion

Wharfedale Linton Heritage: banc d’essai enceinte acoustiqueLe vintage, le nostalgique, le back to the past, le retour aux bonnes choses du passé, l’hommage à l’Âge d’Or de la haute-fidélité,… on n’en finit plus de faire du rétro. Il est vrai que les Sixties, c’était un son. Le son West Coast des moniteurs JBL, le son haut rendement des Klipsch, le son vivant des grosses Tannoy… Le succès de ces « oldies » sur le marché de seconde main est une preuve de l’attrait aujourd’hui pour ces réussites  d’hier. Et il faut avouer que le plaisir d’écoute est bien présent. À côté des enceintes historiques remembranées, recâblées et à l’ébénisterie amoureusement rénovée, le marché du neuf voit le phénomène dit « héritage » ou autre « hommage » s’enrichir régulièrement de modèles de plus en plus nombreux. Ceux-ci ont tous un point commun : la reprise d’une référence historique iconique mise à niveau grâce à l’évolution des technologies. La série Heritage de Wharfedale, lancée à l’occasion du 85ème anniversaire de la marque, fait partie de cette tendance. Les enceintes de cette série ne font pas du haut rendement à l’égal des Klipsch ou des Tannoy; elles ne joueront donc pas sur un ampli à lampes triodes de quelques watts. Ce sont des enceintes 3 voies de conception moderne cachée dans un boîtier rétro. Elles se laissent alimenter par des amplis à transistors classiques, ou à tubes si leur puissance est suffisante (au moins 2 x 30WRMS), et, si elles restituent un son plutôt chaud et sage, elles n’en offrent pas moins une restitution toujours plaisante et dénuée de fatigue auditive. Bizarrement, leur prix fluctue beaucoup en ce moment. Autour de 1.000 euros, elles représentent une aubaine.  Mais pour 2.000 euros, franchement, on peut trouver mieux. Les enceintes Linton Heritage sont d’un format rendu inusité aujourd’hui. Déjà plus enceintes de bibliothèque et pas encore enceintes colonnes, elles ont besoin d’être placées sur des pieds pour bien fonctionner. Si possible sur les supports dédiés qui leur donne un charme certain.

  • Finitions disponibles : Mahogany, Walnut & Black
  • Supports en option, dans la même finition et avec rangement pour vinyles
  • Web shop : www.wharfedale.eu
  • Contact pour distributeur: verkoop@mika.nl

Wharfedale Linton Heritage

1.000 à 2.000 euros la paire
8.1

PRESTATIONS

8.0/10

FONCTIONNALITÉ

8.5/10

PRIX/QUALITÉ

7.5/10

QUALITÉ DE FABRICATION

9.0/10

DESIGN

7.5/10

Pour

  • Qualité de fabrication et finition
  • À l’aise avec tous genres musicaux
  • Dénuées de fatigue auditive
  • Prix si autour de 1.000 euros la paire

Contre

  • Retrait trop marqué des aigus
  • Contrôle des basses trop délicat
  • Prix si autour de 2.000 euros la paire
Points de vente de la marque wharfedale